Certains esprits chagrins avaient mis en cause la motivation d'Alonso après son annonce de transfert chez McLaren en 2007. La mise au point a été claire à Bahreïn...
Jacques Laffitte : Ce choix de carrière lui appartient et cela ne l'a pas empêché de faire son boulot. Je suis heureux pour lui. Ça met fin à cette petite polémique !
Renault a déployé une stratégie très agressive en envoyant ses pilotes au dernier moment en qualification, et en construisant une stratégie basée sur le second pit-stop pour Alonso en course. Bref, Renault est toujours là, conquérante...
J.L. : Quand tout se déroule bien, Pat Symonds, Flavio Briatore et les ingénieurs savent que la stratégie reste leur point fort. Alonso a fait une petite faute dans le premier secteur chrono de son premier tour et s'est qualifié 4e, mais on avait vu la R26 très performante pendant les deux premières périodes de la qualification. La stratégie a ensuite très bien fonctionné en course.
Renault arrive mieux placée que Ferrari, de même que McLaren par rapport à Honda, alors que Ferrari et Honda avaient beaucoup testé cet hiver...
J.L. : Honda n'a peut-être pas eu la réussite espérée. Il n'a pas non plus fait aussi chaud qu'escompté, spécialement du côté de Michelin. Ces essais de pré-saison à Bahreïn ont sans doute aussi aidé Ferrari, mais je n'y crois pas tant que ça. Ce qui compte, c'est la mise au point, le choix des pneus, et l'aérodynamique de la 248 F1, qui est meilleure que l'année.
Dans la bande des quatre, seule Honda a une troisième voiture. Ils n'en ont finalement pas tiré un si grand parti. On les attendait quand même dans la lutte pour la victoire...
J.L. : C'est une déception, mais toute relative. La voiture a été bien tout l'hiver. Peut-être aurait-il fallu qu'il fasse un peu plus chaud pour que les Michelin des Honda soient plus efficaces. Difficile à dire. On verra ça à Sepang. Mais Honda n'a pas démérité et ce n'est que partie remise.
On a dit tout l'hiver que Nico Rosberg serait la révélation de 2006...
J.L. : Il a du talent, il est déterminé, il est intelligent, il est beau gosse, bref il a tout pour lui ! Et puis, Williams a une bonne voiture. C'était une surprise de le voir à la 7e place. En plus, il repart avec le meilleur tout en course, pour plusieurs raisons, entre autres le fait que les Bridgestone marchaient bien sur un tour. Il a en tous les cas montré qu'il est très doué et il a bien marqué le petit monde de la Formule 1. Il est aussi bien conseillé par son père, Keke Rosberg, qui a su se montrer discret durant le week-end.
Une grogne a envahi le paddock car certains ont trouvé que Liuzzi avait passé Coulthard un peu trop facilement. La FIA doit-elle fixer le limiteur sur le V10 en dessous des 16.700 tours/min actuels ?
J.L. : Toutes les équipes ont accepté le régime maxi pour aider ce qui était à l'époque Minardi. Toro Rosso a aujourd'hui plus de moyens. Si la FIA s'aperçoit que cette équivalence V10 / V8 avantage vraiment Toro Rosso, elle prendra peut-être des mesures.
Que retiendrez-vous de spécial de ce premier grand prix 2006 ?
J.L. : La séance de qualification. Le nouveau format a donné de bons résultats, même s'il faudrait le modifier un peu. Je pense en particulier à la troisième partie : elle est un peu longue et les gens ont eu bien du mal à tout comprendre. Et puis, en course, on s'est aperçu que les voitures se doublaient à l'aspiration, pour la première fois depuis très longtemps. C'est du aux appuis moindres sur les voitures, aux V8 moins puissants. Une petite erreur dans un virage qui débouche sur une ligne droite donne instantanément une opportunité de dépassement au poursuivant. Les pilotes se sont doublés et redoublés, et ça c'est formidable !
