Fernando Alonso n'aura pas tardé à rassurer les sceptiques sur l'état de sa motivation après la révélation hivernale de son transfert chez McLaren en 2007. Le champion du monde en titre a rangé tout le monde derrière sa Renault frappée du N.1, dimanche, sur le circuit de Sakhir, à Manama.
4e sur la grille, l'Espagnol de 24 ans a débordé la Honda de Jenson Button sur la moitié de ligne droite de départ, pressant déjà la Ferrari de Felipe Massa au freinage du premier virage. En sursis, soumis à une pression qu'il n'avait jamais connue, le successeur brésilien de Rubens Barrichello a cédé après quelques virages seulement.
Dès lors, Fernando Alonso n'avait plus que la 248 F1 de Michael Schumacher dans le viseur. La veille, l'Allemand avait embarqué peu d'essence pour égaler les 65 pole positions- record d'Ayrton Senna. La lutte avec la R26 n'était pas équitable et Renault a attendu son heure. "Michael était trop rapide lors du premier relais, et nous avions plus d'essence que nos rivaux", a confirmé le pilote des Asturies, qui s'est arrêté au 20e tour, soit quatre rotations après Schumi. Les stratèges de Renault ont tout misé sur le second pit-stop, l'ingénieur Rod Nelson exhortant son pilote à la radio à rester le plus près possible de Schumacher.
Sensationnel Räikkönen
A l'orée du dernier tiers de la première manche 2006, courue sur 57 tours, Alonso a eu loisir de se lâcher sur deux boucles, suite au deuxième pit de Schumacher (36e tour). L'Ibère a repris la piste juste à côté du germanique, et s'est jeté avec autorité dans le virage N.1, comme on a souvent vu son adversaire le faire par le passé. La porte claquée à la corde suivante, c'en était terminé du suspense au premier rang. "Je dois remercier l'équipe de mécaniciens de m'avoir renvoyé en piste si vite après mon second pit-stop", a dit le vainqueur. "J'ai beaucoup roulé dans le trafic mais il n'y a eu aucun drapeau bleu ! Les retardataires ont été très coopératifs. J'ai eu suffisamment de chance pour rester devant. Je savais que Michael [Schumacher] aurait des problèmes avec ses pneus sur la fin et j'ai donc maintenu mon avance à une seconde. Globalement, je pense que nos concurrents sont plus proches que nous n'avions pensé, mais c"est un résultat parfait."
L'autre course dans la course a impliqué Kimi Räikkönen (McLaren) et Jenson Button (Honda) dans une lutte indécise pour la 3e marche du podium. Recalé en fond de grille suite à la rupture d'une suspension aux essais, le Finlandais a livré une prestation éblouissante malgré la contrainte d'un seul arrêt. Distancée d'une vingtaine de secondes, Honda avait limé le bitume de Manama en tests de pré-saison, mais cela n'a pas suffit. Au moins l'Anglais a-t-il pour lui le fait d'avoir marqué son territoire en neutralisant son nouvel co-équipier Rubens Barrichello, après une chaude passe d'armes. Le transfuge de Maranello doit déjà se poser des questions. A-t-il bien laissé à Maranello son statut de numéro 2 ?
Rosberg déjà sur les traces de son père
Renault, Ferrari et Honda logiquement dans le premier lot, Williams-Cosworth s'est finalement installée avec brio dans le rôle de premier outsider grâce à une progression solide et sans histoire de l'Australien Mark Webber, 6e, et à une course à panache du débutant allemand Nico Rosberg, 7e. Sur le circuit qui l'avait consacré champion de GP2 en 2005, le fils du champion du monde 1982 Keke Rosberg est reparti avec le meilleur tour en course. La façon dont il est venu à bout des Red Bull de David Coulthard et Christian Klein, autrement mieux servies en puissance par Ferrari, en dit long sur le potentiel de ce futur champion de 20 ans.
Enfin, les déçus de notoriété sont Giancarlo Fisichella (Renault), dont les problèmes de gestion électronique du V8 n'ont pas été résolus suite à la qualification, et les Toyota de Ralf Schumacher (14e) et Jarno Trulli (16e), complètement dépassés en performance.