Ca sent déjà le roussi

Après seulement trois grands prix, l’avenir de l’écurie Super Aguri s’écrit déjà en pointillés. A la traîne sur le plan sportif, l’équipe nippone, de moins en moins soutenue par Honda, est prise à la gorge financièrement.


Ide sur la sellette
Amener de l’argent grâce à de généreux sponsors et être une icône nationale ne suffit pas toujours à garder sa place dans le baquet d’une Formule 1. Après seulement quelques semaines de championnat, Yuji Ide se retrouve déjà sous la menace d’un remplacement. Alors que Nico Rosberg et Scott Speed ont réussi à tirer leur épingle du jeu en course, le pilote nippon a bien du mal à digéré son bizutage (abandons au Bahreïn et en Malaisie et 13e place au Australie). Jenson Button a même pointé du doigt son comportement dangereux en piste : «Sa voiture est assez lente, et pour être honnête, il est également assez inexpérimenté. Ca peut devenir dangereux.» L’ancien pilote de Super GT a été sommé par ses dirigeants de hausser le rythme à Saint-Marin. En cas de mauvais résultat, la manche italienne pourrait être la dernière de la courte carrière de l’espoir nippon. Le directeur de l’écurie, Daniele Audetto a été assez clair sur ce sujet : «Le grand prix à Imola sera difficile mais après lui avoir permis de faire un véritable test à Barcelone nous devrions voir son vrai potentiel. Sans quoi, nous devrons en tirer les conséquences car nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir un pilote à deux secondes de l'autre.» Et les rumeurs commencent déjà à circuler sur le nom de son remplaçant. Une chose est certaine, celui-ci devrait être japonais.

Honda lâche Super Aguri
Mais depuis les menaces du dirigeant, les nuages se sont un peu plus amoncelés sur le team. Coincée par un budget très serré, la direction de l’équipe s’est résignée à faire une croix sur un troisième pilote, essentiel au bon développement de la monoplace jusqu’à aujourd’hui très poussive. Franck Montagny, intérimaire de luxe en début de saison, étant jugé trop onéreux, Super Aguri espérait bien obtenir le prêt d’un pilote issu de la maison mère, Honda. L’équipe basée à Brackley ne semble pas vraiment favorable à céder James Rossiter et encore moins Anthony Davidson, très efficace durant les essais libres cette saison.

Car depuis quelques jours, les déboires de Super Aguri semblent bien loin des préoccupations du constructeur automobile. Afin d’accélérer le développement de la Honda RA106, Nick Fry a rapatrié subitement plusieurs ingénieurs prêtés en début de saison à Super Aguri en soutien technique. Du coup, les travaux concernant la SA06 qui devait succéder à la SA05 utilisée depuis le début de l’année, on pris un sacré coup dans l’aile : «Nous devons désormais construire la SA06 nous même. Etant donné qu’il nous faudra au moins jusqu’à Silverstone (11 juin 2006) pour voir le bout du tunnel, nous devons retourner dans la soufflerie avec la SA06 pour tenter d’améliorer nos performances», poursuit Daniele Audetto. Le comportement de Honda laisse toutefois perplexe. Pourquoi un tel revirement de situation quelques semaines après avoir tenu à apporter un soutien au rookie du paddock ?

Midland aussi en difficulté ?
Comme Super Aguri qui bénéficie du bloc Honda, Midland F1 jouit aussi d’un soutien de poids avec Toyota qui livre à l’écurie russe son moteur V8. Le joujou du multimilliardaire Alex Shnaider est pourtant en proie à de gros soucis financiers. Après avoir licencié Adrian Burgess, ex-directeur sportif, remplacé par un duo composé par Andy Stevenson et de Dominic Harlow la semaine passée, les rumeurs les plus folles ont évoqué la vente prochaine de l’écurie. Le journal anglais The Telegraph a révélé que la crise financière était telle que l’équipe pourrait ne plus tenir ses engagements à partir du Grand Prix de Monaco, le 28 mai. Les noms de repreneurs tels qu’Eddie Irvine ou Craig Pollock, ancien patron de BAR, qu’on sait désireux de revenir dans le giron de la F1, ont été avancés. Pour couper court aux spéculations, l’écurie a fait paraître un communiqué indiquant que «Le groupe Midland, l’organisation mère, a confirmé que l'équipe n'est pas en vente et il n'y a aucune offre qui pourrait faire changer cette situation», avant d’annoncer «de nouveaux investissements significatifs dans les infrastructures de l’équipe.» Pour entretenir l’espoir de voir un jour la Russie organiser un grand prix, Alex Shnaider, généreux mécène, va probablement mettre une fois encore la main à la poche. Pour combien de temps encore ?