Flavio, dans quel état d'esprit arrivez-vous à Melbourne pour ce GP d'Australie ?
Flavio Briatore : Melbourne est une course très appréciée et nous sommes tous très contents d'être là. Nous savions cette année que nous allions devoir nous battre pour le championnat et nous comptons bien faire tout notre possible pour défendre notre couronne. Nous avons montré que Renault est en position de force et nous nous battrons bec et ongle pour gagner une nouvelle fois.
Et que pensez-vous de la saison jusque là ?
F.B. : Je pense que nous avons vu un très beau spectacle. Après la première course, nous étions conscients que Ferrari était de retour ce qui est une bonne chose pour la Formule 1 de manière générale. Voir Fernando et Michael s'affronter en piste fait l'audimat ; Michael et Ferrari sont des atouts indéniables pour la F1.
Que pouvez-vous nous dire du nouveau format de qualifications ?
F.B. : Du point de vue de la compétition et du spectacle, le système fonctionne très bien. Mais je ne suis toujours pas satisfait de la première partie de la Q3. En fait, nous tournons en rond sans raison et ce n'est pas bon pour les gens ou pour notre image. Je pense que cette dernière session devrait être limitée à 15 minutes en ayant fait le plein au préalable. Ensuite vous cherchez à vous qualifier et, peut importe l'essence avec laquelle vous finissez la session, vous allez en parc fermé et vous partez en course dans ces conditions. Ce que nous faisons aujourd'hui n'apporte rien au spectacle.
Avez-vous été surpris jusqu'ici ?
F.B. : Pour moi, la surprise de cette année, c'est Renault. Pendant l'hiver, nous n'avons entendu que des raisons pourquoi nous n'allions pas être devant. Et nous avons démontré que nous savons travailler comme il faut, nous adapter au nouveau règlement et gérer notre saison d'une manière efficace. Les gens se s'attendaient pas à ce que nous restions devant, mais nous y sommes.
Avez-vous déjà une idée de quel pourrait être le déroulement du championnat ?
F.B. : Je pense que nous pouvons nous attendre à voir quatre pilotes se disputer le titre. Fernando bien entendu, Michael si sa voiture le lui permet, Kimi et Giancarlo. Il est à l'aise dans l'équipe cette année et nous avons déjà eu un aperçu de ce dont il était capable en Malaisie.
Mais Giancarlo a eu une saison difficile l'année dernière.
F.B. : Oui mais 80% des problèmes qu'il a rencontrés la saison passée étaient de notre faute. Il est arrivé l'an dernier sans l'expérience d'une grande équipe et il fallait qu'il comprenne ce que cela impliquait, notamment en terme de pression. Cette année, il s'est préparé, nous le sentons plus décontracté et il s'est montré très rapide. Il a besoin d'un petit coup de pouce du destin mais cela arrive quand vous êtes fort et capable de prendre des risques car vous devez avoir confiance en vous. Et je crois qu'il en prend le chemin.
Il avait été suggéré que le départ de Fernando en fin de saison pourrait déstabiliser l'écurie.
F.B. : Fernando n'a pas changé du tout. Il a encore soif de victoires : nous l'avons vu à Bahreïn et en Malaisie. L'année dernière, il n'a fait qu'une erreur et je pense qu'il a gagné encore en maturité cette année. Mais il reste le même Fernando, et il se donne à 100% pour l'écurie.
Les spéculations commencent en ce qui concerne les pilotes que vous comptez retenir pour 2007
F.B. : L'essentiel est d'avoir une équipe compétitive pour que Renault reste une équipe de pointe en Formule 1. Si l'équipe est suffisamment performante, alors elle attirera des pilotes rapides. Il reste aujourd'hui seize épreuves et les gens parleront de ça tous les week-ends. Nous nous exprimerons à ce sujet uniquement lorsque nous aurons pris notre décision.
Renault a également été au centre de toutes les conversations cet hiver en ce qui concerne l'engagement à long terme de la marque au losange.
F.B. : Renault est dans la même situation que tous les autres constructeurs et à ce niveau, nous sommes en position de force. En ce moment, les différents intéressés cherchent à trouver le meilleur compromis dans les négociations et Renault, comme les autres, attend qu'un accord soit trouvé. Je pense qu'il est normal qu'un dirigeant cherche à connaître le business plan, les investissements dont nous avons besoin et ce que cela comprend. Mais cela ne concerne pas que Renault. Et entre-temps, nous avons en parallèle remporté deux couronnes mondiales et déjà gagné deux courses.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi l'écurie au losange est souvent considérée comme la plus efficace du plateau ?
F.B. : Cela vient du fait que nous investissons chaque centime dans notre activité mais c'est aussi la façon dont nous opérons. Si vous avez un budget sans limite, c'est un peu comme aller dans un restaurant dont le menu est fantastique. Vous prenez un petit peu de ceci, un peu de ça et finalement vous n'avez rien mangé. Notre façon de travailler est différente : nous savons ce que nous voulons pour dîner, nous allons donc faire les course pour ne choisir que les ingrédients dont nous avons réellement besoin pour atteindre le résultat que nous souhaitons. C'est ce que nous avons fait cet hiver en travaillant sur les nouvelles règlementations et en offrant les meilleurs résultats.